lundi 9 août 2010

Jacob Zuma ménage t-il Paul Kagame ?

Officiellement les relations diplomatiques ne sont pas rompues entre Pretoria et Kigali,les deux pays sont juste en discussion. Le Rwanda qui organise l’élection présidentielle ce lundi 09 aout 2010 se moque volontier de toutes ces critiques et prédit la réélection de Paul Kagame pour un nouveau mandat de sept ans.

Un gros nuage couvre le ciel diplomatique entre Kigali et Pretoria. Le dernier geste de la République sud-africaine, c’est le rappel de son ambassadeur à Kigali. C’est la conséquence de la querelle entre les deux pays au sujet du général Faustin Nyamwasa Kayumba, dissident rwandais qui a trouvé asile en République Sud-africaine.

L’officier rwandais qui s’est exilé en Afrique du Sud a été objet d’un attentat. Pretoria, sans soupçonner officiellement Kigali d’avoir cherché à éliminer physiquement le dissident, a rappelé son ambassadeur et dit à qui veut l’entendre qu’il n’a pas rompu ses relations diplomatiques avec le Rwanda.

De même la RSA ne lie pas le rappel de son ambassadeur à Kigali à l’attentat qui allait coûter la vie au dissident rwandais Faustin Nyamwasa Kayumba. La RSA explique que son ambassadeur est appelé simplement pour consultation. A quel sujet ? C’est ici que les observateurs persistent à trouver un lien avec l’attentat contre le dissident rwandais.

Face à cette insistance, les dirigeants sud-africains sont eux aussi obligés d’insister:" Permettez-moi d’être catégorique. Nous n’avons pas rompu les relations diplomatiques avec le Rwanda", a déclaré le Directeur Afrique au ministère sud-africain des Affaires étrangères Ayanda Ntsaluba.

Pour lui, les deux pays sont en discussion. Une chose est vraie, c’est que si les relations entre les deux pays ne sont pas rompues, le rappel de l’ambassadeur de la Rsa est lié à l’attentat contre le dissident rwandais. C’est sur ce sujet que portent les discussions entre les deux pays.

Pretoria a interpellé plus de cinq personnes supposées impliquées dans cette tentative d’assassinat. Que la décision de rappel de son ambassadeur intervienne après cette interpellation, d’aucuns n’hésitent pas à dire que les autorités sud-africaines auraient des raisons solides d’avoir Kigali dans leur viseur.

Cependant, Pretoria qui se refuse d’accuser Kigali a une raison valable de justifier le rappel de son ambassadeur. Le geste de Pretoria peut s’expliquer dans le cadre de la réciprocité. Car, se rappellera-t-on, c’est Kigali qui avait commencé par rappeler son ambassadeur à Pretoria Gladstone Dumisani Gwadiso au mois de juin dernier.

C’était à la suite de l’attaque le 19 juin 2010 contre le général Kayumba et des déclarations de ce dernier selon lesquelles, c’est le président Paul Kagame qui aurait commandité son assassinat. La décision sud-africaine intervient au moment où le Rwanda entre en élection présidentielle qui commence ce lundi 9 août 2010.

Le président rwandais est rassuré de se succéder à lui-même en dépit des attaques de ses détracteurs qui n’hésitent pas à lui mettre sur le dos notamment la tentative d’assassinat contre l’ancien chef d’Etat-major de l’armée rwandaise. On n’hésite pas non plus à comptabiliser les assassinats et les disparitions comme étant le fait du régime Kagame.

Cependant, personne ne va au-delà des accusations pour démontrer la culpabilité des dirigeants rwandais. Les observateurs sont d’avis qu’effectivement, en dépit de nombreuses critiques, la popularité de Paul Kagame reste intacte. Elle tient au rôle de stabilisation du pays qu’il a joué après le génocide.

Dans une certaine opinion rwandaise, on estime qu’il faut donner à Paul Kagame l’occasion de poursuivre son œuvre pendant sept nouvelles années. Une autre opinion se retient de tenter une sorte de saut vers l’inconnu en élisant une autre personne à la tête de l’Etat.

Cela n’est pas l’avis des politiciens qui estiment que l’alternance doit se faire en vue d’humaniser le pouvoir rwandais. Car, estiment-ils, au nom de la stabilisation, une dictature s’est installée au Rwanda. On se demande cependant si ce qu’on appelle dictature n’est pas ce verrou qui, si on le faisait sauter, ferait que le Rwanda se plonge encore une fois dans l’instabilité politique et sociale.

Quel que soit le langage d’apaisement entre les deux pays, la Rsa et le Rwanda, l’escalade semble lancée. Il suffirait que les personnes inculpées fassent des déclarations, accusant par exemple les autorités rwandaises pour que la réaction de Kigali soit sans complaisance.

Pretoria va-t-il décider de passer l’éponge en vue de préserver les relations diplomatiques entre les deux pays ? En dehors de condamnations comme tout le monde peut le faire, qu’est-ce la République Sud-africaine va-t-elle tenter contre Kigali ?

Il est vrai que Kigali n’est plus l’enfant chéri d’une certaine communauté internationale qui, jadis savait fermer les yeux sur les fautes des dirigeants rwandais. La communauté internationale ne fermera-t-elle pas, encore une fois les yeux dans le cas où Kigali serait impliqué dans la tentative d’assassinat de l’ancien chef d’Etat-major rwandais ?

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